Ce groupe de Lausanne a une (trop) courte histoire. Fondé par Michel Saugy, son frère Bernard, André Gilliand et Marc Diserens, les "Sorciers" ont passés très près d’une histoire professionnelle plus longue. La raison principale? La virtuosité reconnue de Michel Saugy. Grâce au travail de "Stutz" (comme on le surnommait avec ironie et affection), cette formation remporta la deuxième (et dernière !) Coupe suisse de rock (Renens/Beaulieu) au printemps 1963. Saugy et ses potes trituraient déjà des airs composés par eux, mais se firent surtout remarquer par leur interprétation de plusieurs succès des Spotnicks. Sans utiliser le moindre artifice, les "Sorciers" se lançaient dans la pratique périlleuse du riff ultra-rapide, imposé par "Orange Blossom Spécial" ou "Spotnick’s Theme", des trucs que seuls de rares guitaristes parvenaient à jouer sans se mettre dans le bac à sable et sur les fesses!

Les "Sorciers" modifièrent, pour diverses raisons, leur formation, récupérant Jacques Hefti (guitare), puis Michel Schmalz (batterie/ex-Aiglons, ex-Blackmen) et Francis Richoz (ex-Blackmen), avant de tenter l’aventure discographie.

Le groupe avait donc remporté le premier prix de la Coupe Suisse des groupes de rock, sur la scène du Théâtre de Beaulieu à Lausanne dont le trophée en fer blanc était remplacé par… la promesse d’un enregistrement et la publication d’un super 45-tours chez les disques Barclay.

Les jeunes lausannois débarquèrent donc au studio de l’avenue Hoche et réalisèrent deux disques avec Ken Lean comme directeur artistique. Sur le premier, on retrouvait "Cyclone", "Baya", "Youpi yé" et "Caravelle". Sur le second, "7,65" (c’était le prix en francs suisses du super 45-tours!), "Thierry la Fronde" (de Jacques Loussier, tiré de la BO du feuilleton du même nom vu et revu à la TV française), "Indicatif" et "Monika".

Une fois encore, les études et l’obligation de prendre le chemin de la caserne, torpilla la régularité de cet excellent groupe de rock. Parmi leurs hauts faits, les "Sorciers" purent notamment participer à la Tournée des Copains, organisée en Suisse vers la fin de l'année 1963, et furent pour l’occasion promus accompagnateurs d’Evy, dont le succès en France s’amorçait sous la houlette de Ken Lean.

Michel Saugy a tenta par la suite une carrière de chanteur solo au Québec, sous le nom de Michel Chartran et travailla quelques années pour l’industrie du disque à Montréal. De retour en Suisse, ce passionné de musique descriptive s'installa avec des synthés dans son home studio de Bercher (près de Lausanne), comme il se décrit lui-même: "au service de la vidéo industrielle, de la musique de scène et de la publicité". Après avoir réalisé plusieurs albums de world music, il a composé "ALIZE", qui devient en mai 2000, disque d'or avec plus de 120 000 copies vendues en France. Ce n’était pas… sorcier car Michel est vrai un doué de la musique.