Michel Vergères et les Aigles Noirs
En Suisse romande, la région du Valais est parfois taxée d’immobilisme culturel. Si cela a beaucoup changé, c’était en tous les cas évident durant les années soixante. On parlait parfois d’arrière pays ou de Vieux Pays, lorsque l’on évoquait cette contrée surtout intéressée par son folklore touristique, son Cervin, ses barrages et ses raclettes. La jeunesse pouvait-elle donc s’intéresser au rock’n’r’oll ? La réponse fut cinglante puisque le Valais donna au rock suisse une vedette internationale (Bernie Constantin) et un des meilleurs spécialistes du son en télévision, Michel Vergères. C’est sur ce dernier que nous allons nous arrêter. A vingt ans, Michel (il est né le 11 juin 1940) créa les Aigles Noirs, un groupe de rock qui triompha plus d’une fois dans la région mais aussi à Lausanne, Genève et dans tous les lieux où on retrouvait le rock dans des caves ou des clubs. Et les jeunes Valaisans allèrent même jusqu’à Paris, au Golf-Drouot, où Henri Leproux, le patron du lieu mythique, adressa un joli hommage en écrivant ceci : « Bravo Michel Vergères. Tu viens de remporter un très gros succès au Golf-Drouot. Nous sommes certains de ta réussite et nous t’accueillerons ici toujours avec beaucoup de plaisir ».
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Les Aigles Noirs avaient été classés ce soir-là à la deuxième place d’un concours dont le jury était formé de Sheila, Vince Taylor et Moustique. Rien que çà !
Malheureusement, comme beaucoup d’autres bandes de rockers, l’armée, les parents désireux de leur voir finir des études, la peur d’un avenir artistique parfois incertain, tout cela mina les structures du groupe qui changea constamment de personnel. Michel Vergères se lassa donc et lia son talent indéniable à celui de musiciens lausannois. Avec les Queensmen : Michel Klaus (basse), Alain Michou (saxophone), Mike Demartines (batterie) et Michel Burnet (orgue), il enregistra un super-45-tours comprenant notamment "Le Doute", une reprise en français du "Love Me Tender" d’Elvis Presley. Parfois malchanceux dans ses choix, victime aussi des changements de modes, Michel Vergères se lança dans une carrière solo qui ne trouva pas (et c’est très injuste!) le succès qu’il méritait! C’est ainsi qu’il entra au service de la Télévision Suisse Romande (TSR), en qualité d’ingénieur du son, tout en continuant à publier des disques de style plus proche du country-rock. A la retraite depuis 2000, il consacre aussi son temps à l’écriture et a publié plusieurs romans sur le thème des aventures d’un détective privé, Mike Valais alias "Le Pisteur" (Ed. Publibook).(Texte : Sr)
